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Le « design thinking » appliqué aux soins de santé

L’article s’attache à décrire de quelle façon la méthodologie du « Design Thinking » a été appliquée et utilisée pour des soins de santé, ainsi que son efficacité. 

Afin de répondre aux besoins des patients, mais aussi à ceux des professionnels de santé, les systèmes de santé doivent continuellement innover. Toutefois, patients comme professionnels ne sont pas toujours concertés lors de la conception de nouveaux traitements, de nouveaux protocoles, de nouveaux outils ou de nouvelles organisations. Cela peut alors se traduire par des produits ou des organisations non pertinentes, ou non utilisées, puisque leur conception a été faire sans prendre en compte le contexte humain dans lequel ils s’inscrivent. Pour répondre à cela, le Design Thinking offre un moyen de combler cet écart, en aidant les personnes en charge de concevoir de nouveaux produits ou services à intégrer les besoins et les commentaires des utilisateurs, et ce tout au long du processus de développement.

Ainsi, le processus du design thinking est divisé en 5 étapes fondamentales :

  • Etape 1 – Empathie : se mettre à la place du consommateur et comprendre ses besoins. Le consommateur correspond au patient, ou au professionnel de santé.
  • Etape 2 – Définition : définir le problème à la source.
  • Etape 3 – Idéation : générer plusieurs idées pour solutionner le problème.
  • Etape 4 – Prototype : concevoir et choisir un ou plusieurs prototypes.
  • Etape 5 – Test : lancer le projet

Il s’agit donc d’un processus itératif, l’innovation n’émergeant qu’après avoir parcouru plusieurs cycles d’idéation, de prototypage et de test, ce qui le distingue des approches linéaires et descendantes, généralement utilisées dans le système de santé.

Résultats de l’étude et précautions d’interprétation associées

Pour analyser la pertinence de l’utilisation du Design Thinking pour la conception d’un soin de santé ou d’un service de santé, les auteurs de l’article ont étudié 24 études ; ces études ayant été réalisées au sein de services de santé (somatique ou mentale), dans le but d’améliorer les prises en charge, ou les processus. Parmi ces 24 études, les résultats sont les suivants : douze d’entre elles ont permis d’améliorer significativement la situation, onze ont permis d’apporter un résultat néanmoins mitigé, et une étude n’a pas obtenu de résultat concluant. Par ailleurs, quatre études ont comparé la méthode du Design Thinking avec d’autres méthodes : les quatre ont abouti au résultat que les principes du Design Thinking permettent d’apporter une plus grande satisfaction pour les utilisateurs finaux, une plus grande facilité d’utilisation de la méthode et une plus grande efficacité.

Toutefois, les auteurs soulignent le fait que les définitions de « Design Thinking » sont diverses, et que parmi les études analysées, les méthodologies peuvent en partie varier. Ainsi, l’article soutient que ce qui est applicable correspond à certains principes du Design Thinking, sans prouver que le concept au sens strict l’est. En effet, les auteurs soulignent le fait que certains principes ne peuvent s’appliquer au système de santé, notamment la possibilité de prototyper des projets qui s’avéreront avoir une faible efficacité, car en s’agissant de soins de santé, les risques sont importants.

Retour d’expérience quant à l’application de principes du Design Thinking

Outre le fait que les résultats issus des démarches Design Thinking sont très majoritairement concluants, l’article met en évidence les points suivants :

  • La démarche de Design Thinking peut être appliquée dans de multiples domaines de santé, et auprès d’utilisateurs avec des problématiques et des besoins très divers.
  • Les équipes utilisant le Design Thinking doivent être préparées à un processus plus intensif que les méthodes traditionnelles.
  • La démarche doit être profondément centrée sur l’utilisateur, pour maximiser le succès de la mise en œuvre du prototype.
  • Il s’agit de trouver un équilibre entre une utilisation de la méthodologie Design Thinking fidèle à sa structure, tout en gardant une certaine flexibilité, pour s’adapter au contexte.

Certains biais, risques ou défis ont été identifiés en cas d’application d’une démarche de Design Thinking, notamment :

  • Il peut exister un écart entre ce que veulent les « utilisateurs » (patients, professionnels) et ce que les concepteurs jugent bénéfique sur la base de la recherche et de l’expertise
  • Un risque observé est celui de ne pas réaliser l’étape d’évaluation des besoins propres au contexte de l’étude (notamment observations ou entretiens), et de repartir uniquement de précédents travaux publiés dans la littérature scientifique.
Conclusion

En conclusion, si l’étude ne permet pas de certifier que l’application de la méthode « Design Thinking » au sens strict du terme est bénéfique dans le domaine de la santé, elle suggère néanmoins qu’il est possible d’appliquer plusieurs principes de ces méthodes de conception d’interventions à la santé et notamment (de façon non exhaustive) : la perspective centrée sur l’utilisateur, les itérations pour aboutir à un consensus. Pour approfondir cette analyse, d’autres recherches seraient nécessaires, par exemple celle de mesurer quelle composante du Design Thinking a un impact fort sur les résultats, cela afin d’affiner l’approche du Design Thinking appliqué aux soins et services de santé.

Source : Altman M, Huang TT, Breland JY. Design Thinking in Health Care. Prev Chronic Dis 2018;15:180128. DOI: http://dx.doi.org/10.5888/pcd15.180128

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