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Home Sweet Home : Des patients hors murs

Le changement de paradigme vers des soins centrés sur le patient au cours de ces deux dernières décennies ont permis aux organisations de santé de réfléchir comment amener les soins dans l’environnement même du patient, plutôt que de l’obliger à se déplacer vers l’institution de soins pour se soigner.

Cette idée part du constat que les soins de santé sont continus plutôt qu’épisodiques et que le fournisseur de soins pourra mieux comprendre le patient dans son environnement tout en prenant des décisions ayant un impact sur les soins.

Un intérêt croissant pour des outils de suivi

Les consommateurs montrent depuis quelques années un intérêt croissant à l’amélioration de leur mode de vie grâce à de nouvelles habitudes saines telles qu’une meilleure alimentation ou encore de l’exercice.  Ceux-ci sont stimulés par un marché croissant des outils de télémonitoring et de l’autodéveloppement y compris des technologies telles que les bracelets d’activité, montres intelligentes et autres ressources en ligne.

Les personnes atteintes de maladies chroniques, telles que le diabète, la MPOC, l’asthme et l’insuffisance cardiaque congestive, ont été particulièrement ciblées par ces appareils et ressources pouvant les aider à gérer leurs soins à domicile en parallèle des visites chez le médecin.

Cependant, les premières technologies ont été conçues pour attirer le consommateur plutôt que pour répondre aux besoins de soins cliniques.

Progressivement, quelques prestataires et systèmes de santé avant-gardistes ont réalisé que la récolte des activités à la maison pouvait inciter les patients à devenir plus attentifs à la gestion de leurs soins. Par exemple, le fait qu’une personne vivant avec le diabète mesure son activité pourrait conduire à un mode de vie plus sain réduisant les événements de santé dits « négatifs », améliorant les résultats cliniques et limitant les dépenses de santé inutiles.

On constate qu’au fil du temps la technologie devient de plus en plus sophistiquée et permet de développer des appareils capables de mesurer avec précision les signes vitaux et d’autres données biométriques à la maison (ou ailleurs) et d’envoyer ces informations directement aux prestataires de soins.

Un coup de pouce avec la pandémie

Les systèmes de santé utilisaient très peu la surveillance à distance des patients (RPM) avant la pandémie de COVID-19. Il s’agissait majoritairement de petits déploiements axés sur des populations spécifiques ou visant à s’attaquer à un point précis comme la réduction des réhospitalisations chez les patients sortis après un séjour hospitalier.

Avec la pandémie, les soins digitaux sont passés à la vitesse supérieure permettant de mieux surveiller et contrôler certains paramètres, améliorant ainsi la santé des patients et réduisant les risques. Mais plus encore, ceux-ci ont permis d’impliquer les patients dans cette gestion.

Evolution vers la gestion des patients plus complexes

Alors que les programmes RPM ciblent généralement les patients ayant besoin d’aide dans la gestion de leurs soins à domicile, certains programmes voient le jour pour proposer une prise en charge des patients hospitalisés ou même en soins intensifs.

Le cas de Adventist Health illustre cette évolution allant du modèle RPM vers une prise en charge des patients ayant des besoins plus complexes. Dans ce modèle, les patients sont évalués après avoir été admis à l’hôpital et peuvent retourner chez eux avec les appareils et la formation appropriées s’ils répondent aux critères des soins à domicile.

Ce programme comprend des visites régulières à domicile par des fournisseurs de soins ainsi que des visites virtuelles et un suivi RPM dépendant du plan de soins. De leur côté, les patients disposent de quatre canaux pour contacter leur équipe soignante : via un iPad, via un numéro de téléphone dédié à une infirmière attitrée, via un PERS (Personal Emergency Response) étanche, et enfin via un outil de dépistage biométrique connecté à l’iPad qui alerte les membres de l’équipe soignante si le patient est en détresse.

Le succès de ce programme – ou de tout programme d’hospitalisation à domicile – dépend des résultats. Ce modèle de soins hospitaliers aigus à domicile a été introduit très récemment, environ trois ans, et l’analyse complète des données n’a pas encore pu être effectuée pour en tirer des conclusions sur son succès.

Per Danielsson, directeur médical du programme, voit le développement de celui-ci à mesure que le système de santé construira l’infrastructure pour le soutenir et que la nouvelle technologie RPM améliora la saisie des données à domicile.

« L’hôpital du futur sera une grande unité de soins intensifs […] Nous ne prendrons soin que des patients les plus malades à l’hôpital, et tout le reste pourra-être fait à domicile. »

Mais nous n’en sommes pas encore là. P. Danielsson ajoute que le concept en est à ses débuts, entravé par une industrie de la santé qui tarde à s’adapter au changement. Une partie de la technologie est encore maladroite et les réglementations fédérales et étatiques limitent, selon lui, l’utilisation de la télésanté et d’autres technologies de santé numériques à domicile. Les payeurs doivent soutenir la stratégie pour permettre son développement.

Les infirmières, élément essentiel de ces programmes

Certains dirigeants ont vu la crise comme une opportunité de pousser l’innovation afin qu’elle dure au-delà de la pandémie.

Cependant, certaines voix s’élèvent et demandent si les soins à domicile sont suffisamment appropriés et sûrs pour les patients ayant des besoins de soins avancés, comme pour les soins aigus et pour les soins intensifs.

C’est le cas de South Shore Health qui souhaite définir plus précisément quels sont les patients les mieux adaptés à ce type de programme. Les flux de travail développés profitent non seulement aux patients et aux soignants, mais également aux infirmières et aux médecins qui les surveillent depuis l’hôpital. En effet, la maison étant un cadre très différent de l’hôpital, il n’est pas possible de simplement reproduire la même organisation que celle de l’hôpital.

Les modèles de programme peuvent donc être très différents allant de l’utilisation d’outils RPM pour surveiller les signes vitaux à la demande, à des plateformes de télésanté permettant aux patients de consulter leurs prestataires de soins quand ils le souhaitent ou en ont besoin. Certains programmes peuvent nécessiter des visites quotidiennes de cliniciens, tandis que d’autres peuvent répartir ces visites sur la semaine ou selon les besoins spécifiques d’un patient.

Le patient est peut-être un facteur plus important qu’on ne le pense. Ce sera peut-être lui qui dictera l’évolution des programmes de RPM et d’hospitalisation à domicile, créant ainsi leurs futures interactions de soins de santé dans les systèmes de santé.

Source : WICKLUND Eric, Home Sweet Home : Les Soins De Santé s’éloignent De l’hôpital, Healthleaders Media. Disponible à: https://www.healthleadersmedia.com/innovation/home-sweet-home-healthcare-moves-away-hospital [Accès: 03/06/2022]

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